Nouvelle

Publié le par olivier Legrand

Lundi 11 janvier 20..
Ce matin dans mon lit JE n'étais pas seul. Mais cette présence imprévue ne m'était pas inconnue.  Point de créature féminine à cette place, c'était tout simplement MOI.
En effet, la première image que JE vis fut la mienne, mon visage bouffi par le sommeil et la surprise. Étant une personne introvertie JE ne me parlais pas la première heure, et de plus mon interlocuteur étant MOI-même, JE ne voyais pas ce que JE puisse dire qui ne me soit connu.
Il existe des avantages techniques à être deux. JE m'occupe du ménage pendant que JE fais la cuisine ; ce qui me fit gagner beaucoup de temps. Mais ce temps gagné fut rempli par des désagréments. Celui de se voir toute la journée.
JE n'ai jamais aimé les miroirs, l'image qu'il me renvoie me décevait toujours, me rappelant le fait que JE n'etais pas aussi beau que JE le croyais, la toilette du matin avait toujours été une torture. Il en est de même pour ma voix, celle-ci sans son raisonnement interne paraissait stupide et blessait mes oreilles. De plus j'ai la mauvaise habitude de chanter  et JE comprends aujourd'hui la souffrance de mon auditoire involontaire. Si vous rajoutez à cela tous les mouvements gauches et disgracieux que vous ne remarquez normalement pas. Tout cela donnant une impression de malaise qui s'amplifia toute la journée.

Mardi 12 janvier 20..
Ce matin JE n'était pas 1 comme JE l'espérais mais 4. Et JE me sentais de plus en plus étriqué dans mon petit studio. Les effets positifs en furent augmentés mais mécaniquement les effets négatifs aussi. Tous mes comportements  , mes tics, mes attitudes m'étaient devenus insupportables. Et ce tableau vivant de MOI-même me faisais terriblement souffrir. J'avais beau faire ça ou ça, rien ne remédiait à mon malaise croissant. De plus, souvent, JE voulais faire quelque chose mais la place été déjà prise par MOI.
L'espace, la nourriture et même l'air commençaient à me manquer.
Il faut que cela cesse !

Jeudi 13 janvier 20..
Mon réveil fût affreux. JE remplissais tout le Studio de mon corps étendu sur le sol, de l'entrée à la salle de bain. L'air de ce lieu clos était saturé par mon odeur, j'avais beaucoup transpiré cette nuit, JE me tenais si chaud. Cette odeur qui vous rappelle que toute votre culture ne pourra faire disparaitre la bête qui est en VOUS.
Après un décompte difficile, j'étais 16 aujourd'hui. 16 bloqués dans ce petit studio.
Ce phénomène resté pour MOI inexpliqué, ses conséquences été claires maintenant. Si on prend comme définition de l'homme un être parasite dont la seule fin est de s'accroître, JE suis devenu alors un sur-homme.  Mais cette affirmation loin de renforcer mon ego, me plongea tout entier dans une terreur profonde. MOI, si effacé normalement, j'allais partir, involontairement, a la conquête du Monde !

Vendredi 14 janvier 20..
Hier la décision fût prise. Il n'y eut pas besoin de parole, la chose étais claire. Il fallait que JE me séparasse si JE ne voulais pas finir étouffé par MOI-même.
Me voila déambulant dans les rues habillé d'un short et d'une chemise à fleur, et deux rues plus loin JE portais un costume noir qui était normalement réservé aux enterrements ou aux mariages.
J'étais déjà chez mes connaissances à leur demander le gîte, et JE trouvais comme seul refuge de libre une chambre de bonne, froide et humide. Mais ce matin encore JE ne me suis pas réveillé seul. Au cinquième jour de ma chronique il y a 256 MOI en ville.

Samedi 15 janvier 20..
Il y a 65536 MOI aujourd'hui, tous les lieux que JE connais et que JE fréquente sont occupés par MOI. Souvent JE me rencontre dans la rue. JE me jette un regard plein de haine. J'étouffe et JE me rends compte que l'espace où JE vis est très petit.
JE suis d'un naturel distrait ; "dans la lune " selon l'expression consacrée. Et ce midi JE me vis mourir, tout simplement renversé par une voiture. Souvent déjà j'avais évité des accidents de peu. Mais le PHENOMENE me permit de voir ma mort en direct. JE fus projeté en l'air par une voiture  et ma tête alla frapper l'angle du trottoir. Déversant tout le contenu de ma boîte crânien sur la chaussée.
Ce spectacle me bouleversa par sa rapidité et sa simplicité. Ma mort prenant une forme nouvelle, visuelle, concrète.
Maintenant les choses sont claires, JE vois enfin le bout du tunnel. J'ai acheté un revolver et JE compte bien m'en servir. Contre mon front, le canon est posé et JE vais pouvoir en FINIR !

Dimanche 16 janvier 20..
Non, ce n'est pas si simple d'en FINIR. J'ai trouvé ce corps où il manque le haut de la tête, à mes côtés un pistolet et ces quelques feuilles de papiers.
JE me suis longtemps observé, MOI. De ma tête, il ne reste plus que le bas de ma mâchoire. Autour d'une auréole de sang et de débris osseux. Si l'on y regarde de plus près, cela ressemble à une peinture en relief très moderne. Ainsi JE m'étais suicidé et JE pouvais à loisir contempler le résultat de mon acte.
J'ai pris le flingue, il y avait une balle. JE la mis dans ma poche. À compter de ce jour il y a 42947051 MOI. J'ai donc besoin de 42947050 balles pour mon flingue.
JE sais ce qu'il me reste à faire et VITE !!

Publié dans Perso

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F
J'ai eu un coup de fil d'un ami colombien, on a une commande pour 612 foies, 43 poumons (ouais, j'ai eu plutôt du mal à les fouger, tes poumons), 1034 rates et 3129 coeurs. Tu penses que l'on pourra honorer la commande pour le 12?<br /> Il m'a aussi dit que ces amis chinois était prêt à prendre toutes les testicules, il paraît qu'ils en raffolent.
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F
O-k...<br /> Tu sais que j'ai une batte de base-ball à la maison, si je peux rendre service...<br /> Cela dit, ce serait cool si on ne terminait pas le travail, j'aimerais avoir quelques spécimens à disposition.
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M
Celle la j'adore vraiment!!!!!!
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